J’écris

Mots perdusévaporés dans le soleil du tempsou noyés dans le puits de l’encremots perduspréfaces à l’oubliprécipices de la mémoiretous ces mots-là qui furentun moment – une larme – un crimorceaux de viemots-morceaux-de-vieécorchés aux ronces des départsou éblouis au brillant des regardsmots-morceaux-de-vieenvolés par paragraphesaux chapitres du tempssur des pages trop blanches

La rage d’écrire, la rage d’écrire c’est quandle coeur le corps la tête les mainsexplosent d’émotionet que l’écume de cette émotion déverseses paragraphessur des plages trop blanchesen vagues de mots aux embruns d’encre bleue.C’est aussi le raz de marée d’un immense besoinqui roule à l’intérieur de nous :existerexisterexisterQuand l’adolescence éclate en boutons d’écriture,bourgeons de lignes en fleursaux branches d’un journalou, plus tard,quand la solitude hurle à la lunele long cri d’un Pierrot orphelin de Colombine.Et encore l’espoirque le destin est làà l’angle de la ruequ’il nous tend le bouquet multicoloredes fleurs de notre vieRage, solitude, espérance, c’est tout cela, écrire.Pourtant, quand on a humé jusqu’à l’ivressel’immense bouquet,quand, les yeux saouls de couleurs, l’âme de mercis,

on a écarté la main qui nous tendait les fleurs,on a vuon a vu le visage et on a vu les yeuxon a vu le sourireet le regard aux promesses incertainesalorsc’est pour elleécrire