Roman
19,00 €
182 pages
nov. 2009
978-2-84921-164-9
J’ai appelé les bourreaux pour, en périssant,
On n’est pas sérieux quand on a dix-sept ans.- Un beau soir, foin des bocks et de la limonade,Des cafés tapageurs aux lustres éclatants !- On va sous les tilleuls verts de la promenade.
– Ce soir-là,… vous rentrez aux cafés éclatants,Vous demandez des bocks ou de la limonade…- On n’est pas sérieux, quand on a dix-sept ansEt qu’on a des tilleuls verts sur la promenade.
Mordre la crosse de leurs fusils
La calèche s’est ébranlée lentement, brinquebalante et poussive au pas lourd des chevaux. J’ai essuyé la poussière sur les pans du manteau. La femme regroupait ses bagages. Nous n’étions que trois voyageurs, avec son fils, à être descendus ici.L’enfant, qui ne cessait de me fixer depuis le départ, a enfin posé la question qui lui brûlait les lèvres :- Est-ce que tu vois le ciel bleu ?Ainsi, c’était ça. La couleur de mes yeux. Voilà pourquoi il me regardait à la dérobée : pour ce bleu pâle qui devait l’étonner. Je les ai levés vers le gris mat du ciel, puis j’ai souri à l’enfant :- Oui.Sa mère, harnachée de valises que des courroies de cuir retenaient à ses épaules, lui a pris la main sans un mot. Je les ai regardés s’éloigner sur la route de terre, avant d’être avalés dans le halo de poussière grise du jour finissant.Mon unique sac au bout du bras, je suis rentré chez moi.
Et le printemps m’a apporté
Par les soirs bleus d’été, j’irai dans les sentiers,Picoté par les blés, fouler l’herbe menue :Rêveur, j’en sentirai la fraîcheur à mes pieds.Je laisserai le vent baigner ma tête nue.Je ne parlerai pas, je ne penserai rien :Mais l’amour infini me montera dans l’âme,Et j’irai loin, bien loin, comme un bohémien,Par la Nature,- heureux comme avec une femme.
L’affreux rire de l’idiot
Délicieusement surprise, ma mère pleurait de bonheur.- Tu n’es pas allé à Paris ! Tu n’es pas allé à Paris !Elle me serrait dans ses bras. Je me taisais. À quoi bon dire. Non, je n’avais pas eu le courage de mon père. Partir, ce n’est pas si facile. Metz m’a vu faire demi-tour. Ce Paul Verlaine, dont la lettre froissée crissait dans ma poche, m’attendrait en vain…La soupe était bonne, et chaude la cheminée. Et heureuse la mère, ce qui m’importait plus que je ne l’aurais voulu. J’ai caressé le dos de mes livres de latin. Je ne les avais quittés qu’un soir et déjà ils m’avaient cruellement manqué. J’ai essayé d’écrire. La plume est restée muette sous mes doigts résignés. J’avais la tristesse au coeur en allant me coucher. J’ai relu les mots du poète :- Venez, chère grande âme, on vous invite, on vous attend.
– Mais, Cher Satan, je vous en conjure,
Je m’en allais, les poings dans mes poches crevées ;Mon paletot aussi devenait idéal ;J’allais sous le ciel, Muse ! et j’étais ton féal ;Oh ! là ! là ! que d’amours splendides j’ai rêvées !Mon unique culotte avait un large trou.- Petit-Poucet rêveur, j’égrenais dans ma courseDes rimes. Mon auberge était à la grande ourse.- Mes étoiles au ciel avaient un doux frou-frou.
Une prunelle moins irritée !
J’ai repris le manuscrit au soir dans ma chambre à la lueur tendre d’une bougie.La flamme chancelle au souffle de mes mots malhabiles lus à haute voix pour en percer le mystère musical.« Le long de la vigne, m’étant appuyé du pied à une gargouille,- je suis descendu dans ce carrosse dont l’époque est assez indiquéepar les glaces connexes, les panneaux bombés et les sofas contournés.Corbillard de mon soleil, isolé, maison de berger de ma niaiserie,le véhicule vire sur le gazon de la grande route effacée : et dans undéfaut en haut de la glace de droite tournaient les blêmes figures lunaires,feuilles, seins. – un vert et un bleu très foncé envahissent l’image.Dételage aux environs d’une tache de gravier. »Je la voulais céleste, ma nocturne est vulgaire et la flamme emporte dans un filet de fumée le papier inutile à ma main qui lui tend.Mes doigts se referment sur le vide.Ma tête aussi.
Jacques Vialat
C’est par une impossible autobiographie que Jacques Vialat signe son cinquième roman.
Où l’on suit Arthur Rimbaud, des Ardennes à Marseille, en passant par Paris, Londres, Bruxelles…
Arthur Rimbaud et ses tumultueuses amours avec Verlaine.
Où l’on découvre Arthur Rimbaud, auteur d’une constitution communiste destinée à Jean Jaurès !
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