Khalid Naji
Kain mène une vie presque monotone au bled, jusqu’au jour où une vision le trouble et le décide à traverser le détroit en barque pour aller voir la capitale. Il est alors projeté dans un monde souterrain rempli d’indigènes, de sans-papiers et de traqueurs de clandestins. Au moment où Kain commence à s’attacher à son nouveau monde, ce dernier se met à lui échapper peu à peu.
La lune disparaît subitement. Trois ombres s’avancent dans la nuit, sur la terre ferme, l’une d’elles crie à pleine gorge : « Bonne chance, Kain ! » Une quatrième ombre qui s’agite entre les vagues répond : « Je flotte ! » Puis une voix étouffée par les vagues crie encore : « Adieu ! Adieu ! »
« Quel dieu ? murmure Kain, Allah, Ialdabaôth ou Enki ? »
Kain navigue sans relâche ; deux heures durant, il continue sur le même rythme, mais son dos souffre et ses muscles n’obéissent plus comme avant, il jette les rames à l’intérieur de la barque et s’allonge, les yeux fermés, les paroles de l’instituteur résonnent dans ses oreilles : « Il faut suivre le nord, toujours le nord. »
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