Poésie
10,00 €
50 pages
juin 2011
978-2-84921-220-2
Lumière
Mon petit bébé lové au creux de mes reins, effleurant les parois de mon ventre. Reste auprès de moi, mon amour. Nourris-toi de moi. Prends. Tout est pour toi.
Je te sens roulant contre ma colonne vertébrale, au pied de mon dos, te voici, vivant. Tu m’envoies tes vibrations, je te réponds mes sentiments. Telle une spirale, tu te colles à moi et m’emportes dans tes chemins de joie.
Je jouis de te porter dans mon corps, heureuse lumière.
Mer
Je me prends à rêver de toi. Grand, fort et déjà loin de moi. Inévitable séparation dont la naissance marque les premiers pas. J’aime cette indépendance que je perçois à l’orée de tes jours. Papillon aquatique dont je projette l’avenir aérien. Encore recroquevillé au chaud dans ma grotte, je devine tes envies de voyages dans l’ébauche de tes pirouettes sous-marines. Je suis ta mer, mon enfant.
Fruit
Je reste là, juste à te regarder. Montagnes et vallées se dessinent entre ta bouche et ton nez. Et à mesure que je te regarde, je vois ton fils que je ne connais pas encore. Tu attaches les boutons de ta chemise et, suspendus au temps, passé, présent et futur se confondent en cet instant. Dehors les cigales chantent leurs cris d’amour, sans répit. Miroir sonore de mon intérieur maternel charnel. De leur ventre éclot ce rythme enivrant. Et de mon ventre naîtra ce fruit que nous désirons tant.
Julia Palombe
Un carnet, un crayon, une petite valise à bout de bras. C’est un jour de juillet, et je m’en vais dans les collines de Provence, retrouver la maison où j’ai grandi. C’est ma mère qui m’attend à la gare, et l’émotion est à son comble, son premier petit-fils va bientôt naître. Je suis submergée de souvenirs dès que je la vois. Comme si le fait de devenir mère me renvoyait à ma propre enfance. Ce moment me comble. Quelle douceur de se sentir si éveillée, si sensible, et si forte ! Je suis profondément reconnaissante de cette joie qui s’empare de moi. Je m’installe à l’ombre des pins. Dehors les cigales chantent leurs cris d’amour sans répit. Miroir sonore de mon intérieur maternel charnel. De leur ventre éclot ce rythme enivrant. Et de mon ventre naîtra ce fruit que nous désirons tant.
Je me sens belle, je me sens accomplie. Je sais déjà lui appartenir. Je pense alors pour la première fois : « Je suis ta mère, mon enfant. »
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