Pouvez-vous nous résumer en quelques mots votre parcours d’autrice ?

Pendant longtemps, je n’ai pas ressenti le besoin d’écrire, même si, d’une certaine manière, j’écrivais déjà. En tant que conteuse, je brodais mes histoires, j’y mettais mes émotions, mes paysages. Puis j’ai découvert la Maison des Écrits à Échirolles. Les ateliers que j’y ai suivis, et notamment la rencontre avec le poète Yves Béal, ont été déterminants.
Peu à peu, j’ai pris confiance, j’ai osé. J’ai ensuite suivi des formations pour encadrer moi-même des ateliers d’écriture, et l’envie d’écrire s’est imposée naturellement. La poésie est devenue mon espace privilégié, même si je ne m’y limite pas. J’ai également suivi des stages d’écriture de chansons (Anne Sylvestre, Véronique Pestel, Laurent Berger, Coeur Troubadour).
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Comment résumeriez-vous votre démarche d’écriture ?

Mes recueils publiés chez Thot forment une sorte de triptyque : trois marches pour aller vers l’intime.
Mon nouveau recueil, Côtes de mailles, vient de paraître aux éditions Les Bonnes Feuilles. Il explore mes îles réelles et imaginaires, avec quelques poèmes traduits en breton.

Faites-vous des recherches pour vos écrits ?

Je pioche dans la matière dense que j’ai sous la main. Parfois, une thématique s’impose et je la creuse, je tisse des liens, j’explore des échos. Il m’arrive de plus en plus de penser à travailler autour des langues — le breton, l’arabe — pour croiser les sonorités et les cultures.

Quelles sont vos sources d’inspiration ?

Tout peut être déclencheur : une musique, un paysage, une rencontre, une révolte, un émerveillement. L’actualité, les échanges, les émotions du quotidien nourrissent mes textes. Il y a toujours un point d’étincelle, quelque chose que je ne peux pas dire autrement que par les mots.

Faites-vous des recherches pour vos écrits ?

Je pioche dans la matière dense que j’ai sous la main. Parfois, une thématique s’impose et je la creuse, je tisse des liens, j’explore des échos. Il m’arrive aussi de travailler autour des langues — le breton, l’arabe — pour croiser les sonorités et les cultures.

Comment naissent vos idées ?
Je n’en sais rien (rires). D’un rien, d’une impulsion, d’une réaction, d’une nécessité. Parfois, c’est une phrase entendue à la radio, parfois une émotion qui déborde.
Il y a des périodes où ça bouillonne dans ma tête, et à un moment, ça sort. J’écrivais souvent la nuit, maintenant c’est plus varié. Certains jours, je me contente d’un haïku.

Avez-vous des rituels d’écriture ?

J’aime les contraintes : elles me stimulent. Souvent, j’écris deux lignes, et les règles du texte s’imposent d’elles-mêmes. L’urgence m’aide aussi à écrire.
J’écris beaucoup chez moi, mais la dynamique de groupe en atelier m’inspire énormément. J’aime aussi ne pas savoir où je vais, me laisser porter par la proposition. Avoir le moins de résistances possibles.

Pourquoi écrivez-vous ?

J’écris pour être avec les autres. La poésie, pour moi, se dit, s’entend, se partage. Elle n’est pas faite pour rester sur le papier.
Pendant le confinement, j’ai lu des poèmes au téléphone, pour garder du lien. J’aimerais prolonger cette idée à travers des lectures téléphoniques ou des podcasts. Un recueil, c’est bien, mais il faut faire vivre les mots, les donner à entendre.
Vous êtes aussi photographe. Comment reliez-vous écriture et image ?
Je ne me considère pas comme photographe, mais j’aime porter un regard sur le monde.
Comme pour l’écriture, la photo est une forme d’écoute : capter ce qui se présente, saisir un instant.
Je ne précise jamais où mes photos sont prises. Ce qui m’intéresse, c’est que chacun y projette son propre imaginaire. Je préfère les fragments, les bribes, comme si l’on regardait par le trou d’une serrure.

Quels sont vos projets à venir ?

Je travaille sur un recueil destiné aux enfants, et sur d’autres projets mêlant plusieurs langues.
J’ai aussi envie d’expérimenter davantage les passerelles : collages, lectures sonores, créations partagées…
Ce qui m’anime, c’est la rencontre. Créer, c’est aller vers les autres, mettre les mots et les voix en résonance.

Retrouvez le travail de Véronique Pedrero sur son site : http://veronique.pedrero.free.fr/