Yoga, l’autre rivage

Sommaire

 

1. S’extraire du marasme
2. Quitter l’agitation pour rejoindre la conscience
3. Observations sur l’impatience
4. Revenir au sentiment de la nature
5. Le lien n’est pas l’attachement
6. La force de s’abandonner
7. Observations sur le détachement
8. Bonnes intentions et autres condescendances
9. Le professeur de yoga n’est pas le yogi
10. Quitter son monde pour vivre dans le monde
11. Accueillir ce qui vient
12. Se déprendre de soi
13. Le fruit mûrit d’abord
14. Vivre le deuil, c’est comprendre la vie
15. Voir
16. Être quelqu’un ou être
17. S’unir à la vie
18. S’émerveiller toujours
19. Rien n’est mien, tout est prasad
20. L’envol du cygne

 

 

 

1. S’extraire du marasme

 

Le yoga est une verticalité, une prise ascendante sur la vie et sur soi. En ce monde moderne, les influences sont légion et l’environnement social, économique et politique nous pousse à vivre la tête sous l’eau ; à peine une petite bouffée d’air pur à de trop rares occasions. Pourtant, la venue au monde d’un être est une promesse sublime, un éclat de rire permanent à la vie, une joie audacieuse qui contient la quintessence de l’existence. Le tout jeune enfant possède en lui l’intelligence innée, la sagacité d’esprit, l’enthousiasme de la découverte et par-dessous tout, l’amour inconditionnel qui accueille et offre son sourire à chaque visage. Comment se fait-il qu’en parfois quelques années seulement, ce cadeau de lumière se ternisse et se durcisse ?
L’éducation, qu’elle passe par les parents, l’école ou l’environnement social, façonne la personnalité de sorte qu’elle corresponde aux attentes de la société. Un jeu subtil de contraintes, de jugements, de frustrations va peu à peu étouffer l’élan spontané du jeune. Ainsi, il sera poussé, de manière consciente ou non, vers tel ou tel métier, vers un certain type d’interactions sociales et raisonnera selon les normes établies en lui. Tout cela est souvent accepté sans remise en cause. Qui plus est, la masse géante et désordonnée d’informations quotidiennes morcelle la jeune personne ainsi que son schéma de pensée et d’action. Il peut ainsi se passer vingt ans, quarante ans ou toute une vie sans qu’un soubresaut d’audace et de lucidité vienne enrayer un raz-de-marée intérieur. Les loisirs, les activités dites de « bien-être » et une vie confortable peuvent apporter un certain réconfort pour apaiser le stress, les moments de déprime ou juste pour se sentir encore mieux. Mais ce n’est pas le changement total et l’appel au-dedans de soi est vite réprimé. On ne fait qu’accumuler des biens, des connaissances, des expériences, confondant plaisir et bonheur durable. On préfère se détourner, faire la sourde oreille, nier ce vide criant en soi et sautiller d’un désir à l’autre.