Jean-Michel Da Silva Pereira

Je pourrais écrire une belle biographie sur ma personne. Te parler de ma vie. Une vie si particulière. Te dire que je suis né un 2 janvier 1971 à Grenoble. D’un père portugais, maçon de profession et d’une mère espagnole, couturière. Enfance assez heureuse. Résultats scolaires époustouflants. Hélas, perturbé par les relations conflictuelles de mes parents. J’entre dans l’adolescence, fidèle à moi-même, sensible, anxieux et perfectionniste. Acné et premiers émois sentimentaux. Bref, j’apprécie la vie dans son lent et agréable déroulement.

 

Tout ceci jusqu’au fatidique jour, celui où je décide de ne plus dormir, de peur de mourir dans mon sommeil. J’avais alors seize ans. Vinrent ensuite les vérifications, les rituels, les ruminations accompagnés de l’angoisse et du désespoir qui leur sont indissociables. J’entrai alors dans un monde qui existait déjà avant moi, mais dont je n’avais pas conscience, un monde de souffrance et de troubles mentaux. Je fus happé par le train de la folie reliant le nord brumeux de mon lobe cérébral gauche au sud surchauffé de mon lobe cérébral droit. Je fus traîné par cette locomotive rapide et vindicative le long de la voie du nerf, une course folle qui me parut interminable. J’eus le temps de rentrer dans l’âge adulte, de faire mes études supérieures en langues étrangères, études qui cette fois, s’avérèrent plus chaotiques. Cependant, j’obtins une première année d’anglais, une licence d’espagnol, un DEUG de portugais et une maîtrise affûtée de la langue latine…

 

Avec le recul, ce ne fut donc pas si obscur et inutile que ça. Après avoir fait un peu de tout, sans vraiment rien faire (ça me rappelle un peu une chanson…), je commençai à écrire, c’était le 21 juin 2007. C’était le début de Ma life : recueil melting-pot des quatre saisons, un livre bizarroïde, une de ces nouvelles voitures hybrides, sur une route calme et lucide.